lundi 20 décembre 2010

Premier Noël (comme à chaque fois) - billet en forme de matriochka




Mon premier Noël acadien. J'ai très hâte. Je suis un peu inquiet, aussi : comment vont se dérouler les réjouissances, sans moi, pour la première fois, dans ma famille restée en terre québécoise? et mes amis?






Je ne voulais pas particulièrement bloguer sur ce sujet convenu. Je me disais : basta! pas encore Nouël. Ce qu'on va se faire chier, encore...! Entre le vécu (toujours unique, à chaque fois inédit, inouï) et la mise en discours (toujours redondante, à chaque fois pétrie de lieux communs, d'image d'Épinal), la fracture prend sa largeur maximale à Noël. Taisons ce moment paradoxal, ce moment qui tue son sens même.






Puis j'ai lu ce billet, ce billet de trop, qui fait tout chavirer. Écrit en forme de réponse à un billet, lequel m'avait beaucoup moins touché. Un père; on ne peut imaginer situation plus éloignée de la mienne. C'est weird comment ça se passe. C'est son rebond chez une autre, chez la solitude roide d'une autre, qui m'a ému.


Et particulièrement ce passage :


« Bien sûr que je serai mélancolique avec Noël qui se pointe. Ce que l'histoire ne dit pas, c'est que vous le serez aussi. Malgré le brouhaha des enfants, malgré les chants, malgré les bulles. Vous le serez au fond parce que nous fêtons le cours du temps, et le cours du temps ça vous saisit toujours un peu l'émotion creuse.
La différence c'est que, dans ma famille, nous aurons choisi de l'accueillir en silence, cette mélancolie. Comme quand on ferme toutes les lumières pour bien voir la neige tomber dans la nuit.
Et, seule, en faisant mon petit bilan de fin d'année je me dirai que le malheur n'est certes pas un symptôme d'intelligence, mais que le bonheur trop bruyant peut parfois être un symptôme d'insignifiance.
Chez nous, dans ma famille de tout-seuls qui s'aiment à leur façon, on ne prie plus depuis longtemps.
Mais on se recueille encore. »

Notez cette phrase sur le mur le plus proche au crayon le plus permanent : nous fêtons le cours du temps. De loin la chose la plus intelligente que j'ai lue à propos de Noël et du temps des Fêtes. C'est presque du Yourcenar. Avec tout ce que cela comporte de mélancolie et de lucidité, d'aridité et de fécondité.

Et notez la chute, cette perle, presque du Gide («Je suis un incroyant; je ne serai jamais un impie.») : Chez nous, dans ma famille [...], on ne prie plus depuis longtemps. Mais on se recueille encore.





Les billets se répondent et ne se ressemblent pas... Ainsi va la vie sur la blogosphère. Depuis plusieurs jours, j'épluche celle-ci en quête de blogs néo-brunswickois (anglo ou franco), pour trouver mon bonhomme de chemin vers les lecteurs. Je constate que c'est assez peu développé, ici, contrairement à Montréal.

Exception faite de :

Le Photo Journal de Brian Branch. C'est d'une beauté immense, parfois banale, toujours poétique. À la fois urbain (au sens fort), et champêtre (au sens romantique, mélancolique et quelque peu gothique). Je badigeonne le présent message de ces oeuvres, pas pour le détrousser, mais pour lui rendre hommage.



 Sur ce, je me replonge dans mes livres et dans mes achats de Noël. J'ai une charrette pleine de sujets à aborder, mais je vais essayer de survivre aux Fêtes d'abord. Avec VOUS.

4 commentaires:

  1. Bonsoir,

    Je suis tombé sur ton blog en tapant " les larmes d'Isis jean genet " sur google, et je suis tombé sur un article à propos de Xavier Dolan puis Michel Foucault.

    J'ai été très touché par tes textes et je t'invite par ailleurs à visiter mon blog si tu le souhaites : http://champsdecoton.tumblr.com/

    Je m'appelle Tarek, j'ai dix-neuf ans et je suis soit dit-en passant un grand admirateur de Jean Genet et Pier Paolo Pasolini (tout comme Xavier Dolan, Gus Van Sant, Yukio Mishima bla bla). Inutile de t'indiquer mon orientation sexuelle.

    Bien à toi,
    très bonne continuation. Je repasserai souvent sur tes deux blogs.

    Tarek

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  2. Hello Bast!

    Ca fait un sacré moment que je ne suis pas venue faire un tour sur la blogosphère et j'étais passée à côté de ton nouveau blog.

    Et puis, en relisant ton profil, je me suis arrêtée sur "Michel Foucault", puis j'ai souri, puis j'ai lu cet article qui décrit en des termes que je n'aurais peut-être ressenti qu'e rêve, cette période pleine de mélancolie qu'est celle des "Fêtes". Alors je tiens à te remercier de nous faire partager le texte de cet autre qui nous ressemble tant.

    J'en profite, puisque nous sommes le premier jour de l'année, pour te souhaiter, Bast, de passer une très bonne année 2011. Que celle-ci voie se réaliser tes voeux les plus chers et t'apporte le bonheur!

    Bien à toi,

    Marie

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  3. @ Tarek : Merci infiniment pour ce message. Je suis touché que ça te plaise, mon petit monde bicéphale, et que tu prennes la peine de me l'écrire. Je vais explorer le tien, de monde, au plus tôt. Bien à toi! :)

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  4. @ Marie : Camarade! :) Quelle joie de te lire! Merci pour les voeux et le message. J'espère la même chose pour toi en cette nouvelle année! Mes hommages.

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