(trois oeuvres du photographe Brian Branch) |
I
Ici, on parle peu et bas pour ne pas effrayer les pluviers siffleurs et les bécasseaux.
Ici, on mordille la lumière d'une dent savante mais modeste, pour en tester la saine persistance.
Ici, on laisse les fleuves choisir leurs titres, et à juste titre nous porter en aval ou en amont, selon.
Ici, les marais et les prées sont de vieilles parentes, vieilles gossipeuses, qui ont oublié jusqu'aux sources de leurs iniquités passées, à force d'aboîteaux.
Ici, on s'offre des mots tout apimpés en cadeau, tirés d'attiques à la valedrague, avec un rire franc.
Ici, on ne craint rien davantage que les fanatismes, ces feux de brousse, car la curée d'absolu n'est jamais sonnée.
Ici, on se salue d'emblée. Les départs et les adieux sont sans importance. Nul ne retient, rien ne force à rester.
Ici, on sourit et on se serre dans nos bras. Le cynisme n'a pas encore atteint nos rives.
II
Aimer cette terre rouge à la manière de René Char
Aimer ces hommes rudes à la manière de Jean Genet
Aimer ces livres simples à la manière de J. L. Borges
Aimer, malgré les ténèbres intermittentes, en homme Cioran
Aimer les exils, les neiges et les oiseaux à la manière de Saint-John Perse
Aimer, toujours, aimer. Aimer. Et espérer.
III
Gisant seul dans mon bain, soakant dans le bonheur
Suave et languissant,
Une éponge à la main, à Ponge faire honneur!
LeBlanc savon s'éveille et forme une salive...
Les mots de Gérald comme des bulles hors du temps.
Qui sentont bon.
Du Messiaen, doucement, s'élève, vers moulus.
Rien ne peut s'immiscer, sous les mots (mon émoi
Mérovingien), entre les Acadiens et moi :
Hiératique gisant, amoureux.
Nu comme à la fin, comme au commencement.
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